Réveillon à Rennes : coincés plus de huit heures dans un manège à 50 mètres du sol

Ils s'en souviendront longtemps de ce réveillon du Nouvel An 2019. Huit Rennais l'ont passé les pieds dans le vide à 50 mètres au-dessus de la terre ferme dans un manège bloqué par une défaillance technique. Le calvaire a duré plus de neuf heures pour certains d'entre eux.

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"C'était long, il faisait froid, ça faisait peur", raconte Antoine, 23 ans, enveloppé dans une couverture de survie, en attendant la descente de sa petite amie Léa. "Je ne pensais pas pouvoir descendre un jour. C'est très traumatisant", insiste-t-il. Comme sept autres personnes, dont cinq adolescents de 13 à 17 ans, Antoine s'est retrouvé bloqué dans le "BomberMaxxx", un gigantesque bras de 52 mètres, qui propulse une nacelle dans les airs, sur la fête foraine du centre-ville de Rennes. 
 
 

Huit heures dans les airs

Le tour n'était censé durer que quelques minutes. Mais lundi 31 décembre, vers 20h30, le bras s'est soudain bloqué, faisant prisonnier ses huit passagers. Quand le manège s'est arrêté, "on a entendu des étincelles, un gros bruit de ferraille, on a imaginé le pire. J'avais peur que les sécurités des harnais lâchent", décrit Béatrice, mère de Louna, 13 ans, qui a passé huit heures dans les airs. Les passagers de la nacelle revenue au sol descendent sans encombre, mais ceux de la seconde restent coincés à plus de 50 mètres du sol.
 
  

Difficultés pour extraire les passagers du manège

Selon le propriétaire du manège Alexandre Thinel, c'est "une pièce neuve qui a lâché et s'est bloquée". "C'est un incident technique qui n'était jamais arrivé avant. Heureusement, ça n'a aucune dangerosité pour les clients. La seule difficulté, c'est de les descendre", avance t-il. Les pompiers doivent en effet s'y prendre à plusieurs fois  avant de parvenir à extraire chacune des victimes en toute sécurité. Une équipe de cinq pompiers spécialisés du Grimp (Groupe de reconnaissance et d'intervention en  milieu périlleux) tente d'abord d'escalader le manège par le sol. Avec la grande échelle de 30 mètres, il ne reste plus que 22 mètres à parcourir. Mais l'exercice se révèle vite trop périlleux.
 

L'interview du Lieutenant-Colonel Thierry Bonnier, SDIS 35

L'interview du Lieutenant-colonel Thierry Bonnier,  recueillie par Bruno Gilbert 

 
 

Un secouriste hélitreuillé dans la nacelle

Il faut donc faire appel à l'hélicoptère Dragon 50 de la Sécurité civile, basé à Granville, dans la Manche. Un peu avant minuit, celui-ci hélitreuille un secouriste sur la nacelle du manège. Puis un autre secouriste le rejoint depuis le sol grâce aux cordes tendues. Ils passent ensuite de longues heures à équiper de harnais chacun des  passagers et à installer un dispositif de descente en rappel. Un à un, les cinq adolescents et les trois adultes vont descendre du manège en rappel. Une opération qui va durer plusieurs heures.
   
Image AFPTV
 

Fêter ses dix-sept ans à plus de 50 mètres du sol

Pendant ce temps, familles, pompiers, policiers, personnels du SAMU et élus municipaux scrutent leurs efforts depuis le sol. "De temps en temps, on a des petits stress", reconnait Nathalie Kerriguy, mère de Léo, qui fêtait ses 17 ans ce 1er janvier. "Il n'avait pas son téléphone mais il m'a fait passer un message, il voulait que je vienne",  explique-t-elle. "Il devait passer le réveillon avec nous."
 
 

Drôle d'ambiance pour un Nouvel An

A minuit, tout le monde s'embrasse pour ce passage à une nouvelle année, dans une drôle d'ambiance. On va se réchauffer au bistrot d'à côté, dont la patronne paye une tournée de café aux pompiers. Un deuxième garçon nommé Léo est lui aussi coincé dans la nacelle... Accoudées au bar, leurs mères se rendent compte que leurs fils sont nés à trois jours d'intervalle et qu'elles s'étaient rencontrées à la maternité dix-sept ans plus tôt. Vers 1h30, une bagarre entre des forains et des clients éclate au pied du manège et tout le monde tousse à cause du gaz lacrymogène. 
 
     

La dernière personne descendue à 6h du matin

Un peu après 4h du matin, près de huit heures après le début de la panne, le premier passager descend enfin. Son arrivée est saluée par une salve d'applaudissements des badauds encore présents. "Ça s'est relativement bien passé mais depuis deux ou trois heures, ça commençait à stresser dur. C'est la première grosse frayeur de ma vie", confie Nicolas,  47 ans, après avoir mis le pied à terre. "L'année prochaine, je reste chez moi avec des petits fours et du Champagne. Ou alors je fais la pêche au canards!" 
 
Interview : Nicolas, passager du manège (recueillie par David Ademas et Samuel Nohra / Ouest-France)


La dernière personne met le pied à terre à 6h du matin. L'opération est terminée, et personne n'a été blessé. Pris en charge par les pompiers, tous sont accueillis dans la salle de spectacle voisine du Liberté. Retour les pieds sur la terre ferme, pour cette nouvelle année 2019, qui a commencé de bien étrange façon pour les huit passagers du manège...

   
Images Ouest-France / David Ademas / Samuel Nohra

 
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